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Avant d'écrire cet article, j'ai pris du temps. Le temps de voir, écouter et me documenter un minimum. Bien sûr, il est tentant de donner son avis sur le vif mais, parfois, prendre du recul c'est aussi prendre de la hauteur. 

Bien sûr, je suis conscient que j'ai un léger a priori sur François Fillon. Peut-être est-ce du à sa complicité dans la mort de l'UMP avec Copé et leur guéguerre de bac à sable, peut-être est-ce le Triumvirat et ses manoeuvres anti-Sarkozy, peut être est-ce le RUMP, cette dissidence de l'UMP, peut-être est-ce Jouyet, peut-être aussi des déclarations du type "Sarkozy finira devant la justice pas devant les Français" ou autre "Imagine-t-on le général de Gaulle mis en examen ?", ou bien l'appel de Fillon (comme Juppé) au vote de gauche à la Primaire de la Droite et du centre... Mais voilà, malgré ce passif, je vais tenter de recontextualiser l'affaire et ses développements. 

François Fillon embauche sa femme comme Assistante Parlementaire. Jusque là aucun problème, c'est légal. Bon, après, ça se corse un peu quand on découvre que de nombreuses sources diverses et variées font état de leur étonnement d'apprendre qu'elle travaillait pour son mari, eux-mêmes ne l'ayant jamais vu travailler. Plus gênant, Pénélope Fillon n'a cessé de dire, à chaque interview, qu'elle ne participait aucunement à la vie politique de son mari. Plus dérangeant, encore, Madame Fillon est embauchée (à un tarif 5 fois supérieur à la moyenne des salaires dans la fonction et la faisant ainsi entrer dans les 9% des plus payés de France) par le successeur de son mari. Et Pénélope Fillon ne travaille plus pour son mari, quelques jours avant la réforme qui oblige à déclarer les noms des collaborateurs. Se greffe à cela un travail donné par un ami de la famille qui déclare qu'il lui a donné parce qu'elle s'ennuyait et qui la paye 100 000€ pour, semble-t-il, 2 notes de lecture pour un total d'une vingtaine de lignes !

A ce moment là, c'est vrai que de nombreuses questions se posent. Et ce qui est intéressant, ce sont les réponses apportées. Les différents porte-parole et proches de François Fillon montent au créneau. Bernard Accoyer affirme avoir vu très souvent Pénélope Fillon à l'Assemblées Nationale. Problème, François Fillon confirme qu'elle travaille en circonscription. En circonscription, silence radio de la part des élus locaux. les seuls qui parlent avouent "ne pas être au courant qu'elle travaillait pour son mari" se rappelant l'avoir vue dans quelques manifestations mais comme épouse du Député. Donc visiblement Bernard Accoyer a du croiser la Dame Blanche dans les couloirs.
 

François Fillon lui trouve qu'il est misogyne de s'intéresser à l'emploi de sa femme. Bon s'il est fictif, qu'elle soit femme, homme, ou autre, ça reste un problème. Il prétend la défendre tout en disant que c'est lui la cible. Si c'est le cas, il ne défend pas sa femme mais lui, car, si elle est coupable de recel (en cas de faits avérés) lui, en tant qu'employeur est pénalement plus coupable qu'elle. 

Une autre porte-parole affirme qu'elle aussi a embauché un proche (son fils) "mais que lui il travaillait" ! Avec une défense comme ça, dur de ne pas demander où est le gaz. Certains députés fillonistes vont même jusqu'à déclarer que l'argent public n'est plus de l'argent public quand on le "donne" aux Députés. Ou même selon certains twittos influents ce n'est plus de l'argent public mais de l'argent de la République (bon, quand on en arrive à ce genre d'argument, c'est que ça va mal). 

Tout cela pour dire quoi ? Que l'affaire est grave à plusieurs niveaux. 

1/ On parle d'argent public, d'emplois fictifs ou d'abus de biens sociaux.

2/ Fillon a construit sa campagne et son image sur l'exemplarité

3/ Le programme de Fillon demande des efforts aux Français

4/ Les sommes 400 000€ + 100 000€ sont, aux yeux des Français importantes et "palpables". Un salaire de 5000€ ou de 7500€ par mois on voit ce que ça donne.

5/ La défense montre l'impréparation des équipes de François Fillon qui, fort de l'expérience des pressions sur Nicolas Sarkozy (auxquelles il n'est pas étranger) devaient bien se douter que la campagne ne serait pas un chemin de roses (sans jeu de mots).

6/ La déconnexion de ses équipes qui considèrent dans un 1er temps que cette affaire est anecdotique alors qu'elle est, au final, l'une des plus graves d'une campagne Présidentielle car elle touche au coeur même du candidat, du programme et de la philosophie même de la fonction. 

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